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aerial view of city buildings near body of water during daytime

Les points clé de la synthèse des rapports du GIEC par Valérie Masson-Delmote

Valérie Masson-Delmotte, est une paléoclimatologue française. Elle est directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe no 1 du GIEC depuis 2015 comme le dit sa page Wikipédia. La synthèse des 6 groupes de travail du GIEC venant de sortir, et twitter se cassant la gueule au profit de Mastodon qui a dépassé les 10 millions de gens, ce serait dommage que sa vulgarisation sur ce rapport épique tombe dans les limbes de l’oubli. J’en fais donc un backup hébergé ici (et vous devriez avoir une stratégie de backup ainsi qu’un site web personnel vous aussi) qui vous permettra de saisir les points clés et d’en voir les infographies principales en moins de cinq minutes. Mais pas plus de cinq minutes hein ho, les journaux télé y ont consacré moins de 0.6% de leurs temps d’antenne alors c’est que ça ne doit pas être trop important. Si ? Maintenant que tout le monde a compris que la réforme des retraites est une arnaque et de la violence pure et dure particulièrement envers les femmes et les travailleurs les plus précaires, et que la mobilisation contre est historique, on pourrait aussi regarder dans quel contexte la lutte s’inscrit.

 

Bonjour!Je commence à récupérer des 133 heures de session d’approbation du rapport de synthèse #SYR du GIEC #climatechange2023, la semaine dernière, et j’ai préparé ce long fil, qui en présente les points clés, en 🇫🇷

C’est parti, 🧵⬇️

Ce rapport de synthèse du 6ème cycle d’évaluation (2015-2023) s’appuie sur les 3 rapports spéciaux de 2018-2019 et les 3 rapports complets de 2021-2022, et intègre leurs principales conclusions.
Ces 6 rapports, rédigés par plus de 1000 scientifiques, ont examiné les éléments probants de plus de 85 000 publications, et ont tenu compte de plus de 300 000 commentaires de relecture, de milliers de relecteurs.#colossa
Parmi ces scientifiques, 84 auteurs ont rédigé le rapport de synthèse, avec une version longue (100 pages, 20 figures), et un résumé (36 pages, 7 figures), avec une structure similaire : où en sommes nous, quels sont les futurs possibles, et comment accélérer l’action.
Si nous voulons vivre dans un monde soutenable, équitable, nous ne pouvons pas maintenir les tendances actuelles.
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L’action pour le climat (actions d’adaptation et d’atténuation, c’est-à-dire de réduction des émissions de gaz à effet de serre) monte en puissance, mais le rythme et l’ampleur des actions n’est pas suffisante pour limiter les risques liés au changement climatique.
La poursuite de la hausse des émissions de gaz à effet de serre du fait des activités humaines et le résultat de tendances non soutenables pour l’énergie, l’utilisation des terres, les modes de production et de consommation et styles de vie.
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La distribution historique et actuelle des émissions de gaz à effet de serre est inégale : certains ont contribué et contribuent bien davantage que d’autres, d’un pays à l’autre, et au sein de chaque pays.
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Les activités humaines sont responsables de l’augmentation de la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui continuent à augmenter – le rapport long fournit une mise à jour des concentrations en 2021.
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Les enregistrements issus des carottages en l’Antarctique montrent à quel point cette augmentation est une rupture par rapport aux variations naturelles des derniers 800 000 ans, et je souhaite rendre hommage à Claude Lorius, pionnier de la science des carottes de glace.
Le réchauffement planétaire, en moyenne sur 10 ans, atteignait +1,1°C en 2021-2020 (rapport du GIEC de 2021). Une mise à jour jusqu’en 2013-2022, dans le rapport long, montre que c’est +1,15°C en 2013-2022, par rapport à 1850-1900.
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Aucun facteur naturel (variabilité spontanée, Soleil, volcans) ne peut expliquer le déséquilibre du bilan d’énergie de la Terre et l’accumulation de chaleur.La meilleure estimation est que le réchauffement observé est égal au réchauffement dû aux activités humaines.
Le premier facteur du réchauffement à ce jour est le cumul des émissions de CO2; le second tient aux émissions de méthane (durée de vie courte; effet direct et via la formation d’ozone en surface, gaz à effet de serre et polluant).
L’influence humaine sur le climat affecte chaque composante du système climatique.
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Le réchauffement planétaire « dope » certains évènements extrêmes, + fréquents, + intenses, notamment les extrêmes chauds, les pluies extrêmes (7% de + de vapeur d’eau par °C de réchauffement), et les sécheresses agricoles (humidité des sols).
L’interaction entre les aléas, vulnérabilités et exposition définit les risques d’impacts, et ceux-ci dépendent aussi des réponses (ex : gestion de risques, adaptation, mais aussi maladaptation).
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Les communautés vulnérables, qui ont le – contribué au réchauffement à ce jour, sont affectées de manière disproportionnée.
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On observe une généralisation d’impacts graves, & de pertes et dommages, dus aux changements de multiples conditions physiques.Les écosystèmes terrestres, aquatiques et marins sont affectés (phénologie, aires de répartition, structure; mortalités de masse; extinctions).
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Chaque région est concernée.Les changements des facteurs générateurs d’impacts vont s’intensifier à mesure du réchauffement planétaire.
Le monde + chaud, différent, que connaîtrons les générations actuelles et futures, dépend des choix effectués maintenant et à court terme.#empathie
Les avancées scientifiques nous permettent de mieux comprendre à quoi ressemblera notre avenir, en fonction des choix que nous faisons maintenant.
La poursuite des émissions de gaz à effet de serre va amplifier le réchauffement (tant que les émissions de CO2 ne sont pas à zéro net).
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Pour les scénarios examinés, la meilleure estimation est qu’un niveau de réchauffement de 1,5°C sera atteint (en moyenne sur 20 ans) au début des années 2030.
La probabilité pour qu’une année donnée, ce niveau de changement de température de surface globale (1,5°C au-dessus de 1850-1900) soit atteint augmente, et la probabilité de le dépasser sera de 40 à 60% chaque année vers 2030.
Pour chaque incrément de réchauffement planétaire de +, les changements de climat moyen et d’extrêmes deviennent + généralisés et + prononcés.
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Pour chaque incrément de +, les risques pour la santé augmentent, mais dépendent des actions d’adaptation.
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Pour chaque incrément de +, les impacts sur les écosystèmes vont s’aggraver : enjeux de conservation, protection, restauration des écosystèmes (réduire le autres pressions locales),
Cela implique aussi la perte d’efficacité d’options d’adaptation fondées sur les écosystèmes et une baisse d’efficacité des puits naturels de carbone
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Cela implique aussi des risques croissants pour la production alimentaire (attention forte incertitude sur le potentiel de prise de pêche en Arctique)
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Les risques d’insécurité alimentaire dépendent fortement des choix socio-économiques
Nous voyons déjà des risques composites ou en cascade, de + en + complexes et difficiles à gérer.
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Le rythme et l’ampleur de la montée du niveau de la mer vont dépendre des émissions de gaz à effet de serre à venir; la probabilité de changements abrupts – irréversibles augmente avec le niveau de réchauffement planétaire (Antarctique).
La population exposée aux aléas liés à la montée du niveau de la mer, et la fréquence des évènements extrêmes, va augmenter d’ici 2040 – les mesures pour y faire face demandent une planification à long terme.#coursecontrelamontre
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Le rapport spécial du GIEC de 2018 avait souligné que limiter le réchauffement à 1,5°C était un défi sans précédent. 5 ans plus tard, le défi est encore plus grand, puisque les émissions ont continué à augmenter
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Les budgets carbone résiduels permettant de limiter le réchauffement à 1,5°C et 2°C #ParisAgreement seront bientôt épuisés, et ceux pour 2°C largement amoindris…
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Si l’on voulait être sérieux et limiter le réchauffement largement sous 2°C, voire proche de 1,5°C, cela demande des baisses immédiates, rapides, profondes des émissions notamment de CO2, jusqu’à atteindre net zéro, et de méthane (CH4).
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Les émissions ont augmenté entre 2015 et 2019. Si tous les engagements (NDC) étaient tenus, cela permettrait au mieux une légère baisse des émissions d’ici 2030 (inadéquat par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris).
Et il y également un décalage entre les engagements et leur mise en oeuvre. Les politiques publiques actuelles dans le monde, sans sursaut, conduiraient à dépasser 1,5°C dans les années 2030, 2°C dans les années 1950, flirter avec les 3°C en fin de siècle…
Après le dépassement d’un certain niveau de réchauffement (ex 1.5°C), une diminution graduelle dépendra de la capacité à atteindre et maintenir des émissions nettes négatives de CO2 (l’éliminer de l’atmosphère et le stocker à long terme).
Le déploiement de méthodes d’élimination pose des questions de coûts (énergie), de faisabilité, de soutenabilité et de risques (pression sur les terres).
Des émissions soutenues égales à zéro net de CO2 sont centrales pour limiter le réchauffement. La transition vers cela implique des rythmes différents selon les secteurs. Réduire + vite les émissions et maîtriser la demande demande moins de recours à l’élimination de CO2.
De nombreuses options d’actions faisables, efficaces et abordables sont disponibles maintenant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter à un climat qui change.
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Les mesures politiques qui ont fait leurs preuves et permis de réduire les émissions de plusieurs mililards de tonnes par an peuvent être mises en oeuvre à plus grande échelle et généralisées
Des possibilités sont disponibles pour renforcer la résilience et réduire les émissions de gaz à effet de serre, en agissant tous azimuts : système énergétique, gestion de l’eau, des terres et système alimentaire,
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systèmes urbains et infrastructures, santé, industrie, déchets, et organisation des sociétés, y compris les filets de protection sociale.Le rapport ne constitue pas une feuille de route mais montre les potentiels, et les co-bénéfices (notamment pour la qualité de l’air)image
Les actions mises en oeuvre maintenant peuvent faire toute la différence, notamment parce qu’il existe un fort potentiel associé à la maîtrise de la demande
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L’adaptation actuelle est souvent incrémentielle, fragmentée, et des limites dures à l’adaptation existent (ex : ressources en eau estivales contraintes par le recul de l’enneigement et des glaciers).
Parmi les conditions clés pour changer d’échelle pour l’action pour le climat figurent la réorientation des financements, la montée en puissance des financements pour l’adaptation, les transferts de technologie et la coopération.
Les pertes et dommages touchent de plein fouet les écosystèmes et les populations les + vulnérables, et font partie de notre avenir. Nous pouvons construire un avenir viable et soutenable en agissant rapidement pour construire un développement résilient face au climat.image
Il est nécessaire que l’ action pour le climat, pour être efficace, soit juste, inclusive et basée sur le partage des connaissances. J’ai ajouté quelques réflexions sur le rôle des universités à l’occasion de colloque EcoCampus @FranceUniv @UGrenobleAlpes
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Je préfère parler de courage plutôt que d’espoir : il est possible de changer d’échelle et de limiter les risques liés au climat, mais cela demande de se relever les manches et d’agir à hauteur des enjeux. Merci de votre lecture jusqu’au bout de ce long fil.Un immense 🙏👏 aux scientifiques qui ont mené jusqu’au bout de travail d’intégration et obtenu un rapport clair et solide, un rappel à la réalité des faits, reconnu par les représentants de tous les pays. Le talent d’Arlene Birt a été central pour construire des visuels clairs @BckgrndStories. Et toutes les personnes qui ont joué un rôle clé en appui à la préparation, la finalisation de ce rapport et l’appui à la session marathon d’approbation méritent une large reconnaissance pour leur professionnalisme et leur dévouement, notamment Noémie Leprince-Ringuet, et dans l’équipe du groupe I, @Clo_Pean, @anna_pirani et @connorsSL.
La session d’approbation a été très longue, 133 heures, dont 36 h quasiment d’affilée du samedi 6h au dimanche 18h, soulignant à quel point ce rapport touche à des points importants pour tous les pays. Les scientifiques ont été précis, clairs, et patients, ce qui a permis, au final, que ce socle de connaissances établi de manière rigoureuse soit reconnu par tous les pays. Le compte-rendu des observateurs extérieurs est disponible ici : enb.iisd.org/58th-session-i…
J’espère que ce long fil vous donnera envie de lire ce rapport de synthèse, qui est disponible ici en anglais : ipcc.ch/report/ar6/syr/
C’est la fin de ce 6ème cycle d’évaluation du GIEC, et de ma participation. Les élections pour le prochain bureau du GIEC auront lieu fin juillet. Il a déjà été acté que le prochain cycle comportera un rapport spécial sur les villes et le changement climatique. La science a une profonde dimension d’émancipation (en anglais, empowerment) : comprendre les changements en cours, explorer les futurs possibles, caractériser les leviers d’actions, fournir des éléments factuels pour éclairer les choix, mais aussi identifier les besoins de faire avancer les connaissances. La lecture de chaque chapitre des rapports spéciaux et complets de l’AR6 permet aussi de comprendre là où il est critique de faire avancer celles-ci.
La préparation de chaque rapport du GIEC fourmille d’intelligence collective, et le travail avec les scientifiques de différentes régions du monde, de différentes disciplines, a été pour moi une joie profonde (malgré la charge de travail).
Beaucoup de personnes me remercient pour le travail du GIEC, et je souhaite transmettre ces remerciements à toutes celles et ceux qui font avancer les connaissances, et leur partage.
En espérant que ce travail colossal aide à prendre la mesure des enjeux, à se les approprier, et devenir acteurs de ces transformations.- FIN
En 2015, Valérie Masson-Delmotte a signé un appel, aux côtés d’une centaine de personnalités internationales, demandant à laisser les énergies fossiles dans le sol pour éviter un « crime climatique », comparé à un crime contre l’humanité.
Tout n’est pas perdu, nous pouvons de façon individuelle mais surtout collective faire en sorte de #sortirDesFossiles. Ça commence par disposer d’une information de qualité et à avoir accès à l’état de l’art des connaissances scientifiques, et à ne pas avaler n’importe quelle connerie produite par des personnes ou des médias indépendants sous prétexte qu’ils se revendiquent « être écolo ». L’éducation est longue, et elle nécessite de l’humilité, pas de la confiance aveugle en des gens incapables de reconnaître leurs limites ou leurs erreurs tels que Reporterre ou Négawatt. Surtout que le grand public n’est pas très doué pour repérer les charlatans, biais cognitifs et autres dérives sectaires dans lesquelles le néolibéralisme (et pas mal de religions qui font leur loi en dehors de la loi) aurait sa place, qui ont toujours des certitudes identitaires hostiles à l’entraide et autres mouvements dérivés du new age très compatible avec le status quo dans les milieux écolos.
L’éducation prend du temps, reconnaître les erreurs des autres semble facile, mais faire le deuil de ses propres erreurs  et savoir les placer dans les influences que l’on subit et que l’on reproduit est bien plus important.
On remarque que cette année enfin on ne laisse plus de place à l’expression de personnes totalement à la ramasse sur le sujet, et les ordres de grandeur commencent à être connus, rien que les 10 tonnes d’équivalent CO2 par personne et par an en France qui doivent devenir moins de 2 tonnes en 2050 si on veut éviter le pire. Pour savoir où vous vous situez et ce qu’il est possible de faire, essayez le site web nos GEStes climat, ou participez à une fresque du climat.
Il faut continuer comme ça, go go go!

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burned firewood

Comment améliorer son empreinte carbone concernant nos utilisations du numérique?

Hello, ce sujet est apparu durant le camp chatons donc hop o/

En effet il faut s’intéresser à tout ce qui caractérise l’inaction climatique et prendre les mesures des actions pour vraiment rendre compte de ce qui est efficace et ce qui est contre productif.
Se concentrer sur les petites actions individuelles est une diversion classique pour éviter de parler des dominations systémiques. Sans parler de la culture du spectacle qui incite les médias à inviter des personnes totalement incompétentes et non reconnues par les personnes de leur domaine de compétence, voire de réels charlatans, mais aux propos qui font réagir, ou qui parlent aux peurs du grand public qui n’a jamais été formé aux bases du sujet.

Les communications venant de personnes de pouvoir qui blâment les gens qui ne suppriment pas leurs e-mails et ne coupent pas le wifi quand ils partent en avion en week-end en sont symptomatiques (ou qui prennent leur jet privé cinq fois par jour, comme le fameux avion de Bernard Arnault suivi par informations publiques).

C’est le problème de beaucoup de choses autour de l’écologie, sans mesure ni méthode rigoureuse on fait les choses au doigt mouillé et on peut très vite se retrouver à se tirer une balle dans le pied.

Vouloir faire de la récup et du nomadisme à vélo, oui ça va à priori dans le bon sens. Remplacer de l’électricité décarbonée par des groupes électrogènes au pétrole pour faire fonctionner son micro serveur, est cependant une perte nette pour l’espérance de vie de tout le monde.

Le mot de sobriété évoqué ressemble souvent à une formule magique qui ressemble fort à « on verra bien plus tard comment faire, tkt il suffit d’être sobre », ce qui est particulièrement alarmant quand il est question de préparation à de la gestion de pénurie.

L’Allemagne par exemple savait depuis très longtemps qu’elle était dépendante du gaz Russe, et que l’extraction de charbon pour faire de l’électricité est hautement producteur de GES, mais refuse de remplacer l’intégralité de ses centrales hautement carbonées par ses centrales nucléaire parfaitement rénovées et opérationnelles, qui sont ultra bas carbone. Il faut choisir entre électoralisme et consensus scientifique sur les priorités climatiques.
Pour vous faire une idée des intensités carbone des moyens de production dans de nombreux pays il existe [ElectricityMap](https://app.electricitymaps.com/zone/FR), et éco2mix qui publie en temps réel et permet de voir dans le passé (et qui cite ses sources).

Les études réunies par le GIEC (organisme de l’ONU) ont publié toute l’importance de stopper très rapidement les émissions de gaz à effet de serre, et d’attaquer très sérieusement la dépendance à l’utilisation de ressources fossiles.
Si on rajoute du renouvelable par dessus le charbon et le gaz sans les arrêter, on est certain d’aller dans le mur et qu’il y aura rapidement des famines.

Il faut clairement débuter des chantiers de décarbonation qui passeront nécessairement par une électrification massive des usages et une adaptation du fonctionnement du monde pour ne pas juste remplacer tout ce qu’on a aujourd’hui par « pareil, mais en électrique ».
Ce n’est pas un détail, l’électrification fait généralement l’économie de 4/5e d’énergie primaire nécessaire à n’importe quelle action réalisée avec des sources primaires d’énergie fossile.

Le rapport de RTE publié fin 2021 proposait 6 scénarios de futurs électriques avec des mix électriques différents qui ne se feront pas d’un claquement de doigt et demandent de l’anticipation. Et toutes ces options ont différents points de difficulté parfaitement identifiés.

Certaines options présentent clairement davantage de difficultés de réalisation, de dépendance à certains pays, et tout ce qui présente d’avantage d’intermittence va demander jusqu’à 100 fois plus de métaux, et plus d’installation de trucs chaque année d’ici 2050 qu’il n’en a été installé au cours des 10 dernières années (coucou le photovoltaïque), mais ce n’est pas pour autant qu’il faut appliquer la même solution partout.
Il faut savoir ce genre de choses pour faire des décisions éclairées (lol).

Avez vous une idée de ce que vos activités demandent en énergie fossile, quelle est votre empreinte carbone, combien de kWh par an votre logement mange ? Savez vous en quelle proportion les choses que vous faites par nécessité ont un impact d’effet de serre? Qu’est-ce que l’équivalent CO2, l’énergie primaire, qu’est-ce qu’une analyse de cycle de vie, le forçage radiatif, le cycle du combustible, la surgénération, la demi vie, le cycle de l’eau, le report modal, l’architecture des réseaux, la durée de vie d’un bâtiment, l’extractivisme, la densité énergétique ?
Le fonctionnement du monde n’est pas simple, comprendre l’énergie ne se fait pas non plus d’un claquement de doigt, et je suis loin de connaître tout ce que j’aimerais connaître dessus.

Petite info sur l’intensité électrique dans le monde en passant, là où le pétrole et le charbon diffusent dans l’air dans autour de 1200 grammes de CO2 pour faire un seul kWh, le gaz fossile en diffuse 400, le photovoltaïque en émet 60, l’éolien 40, l’hydraulique 6, et la dernière ACV d’EDF indique 3.7 grammes pour sa production électronucléaire. Les ordres de grandeurs sont spectaculairement différents.
On peut aussi s’amuser à comparer l’empreinte au sol (qui joue sur la déforestation), le besoin en matériaux tout au long de la vie, ou encore le nombre de morts engendrés par kWh (accident dans les mines, pollutions des ressources, maladies dues à l’air souillé, etc).

Un foyer Français mange environ 20kWh d’elec chaque jour, je vous laisse faire les calcul.
Si vous voulez tout savoir sur la cinquantaine de centrales qui sont actuellement démantelées dans le monde (j’ai aussi des fiches de cours là dessus), leur fonctionnement, les options de gestion des déchets et tout ce qui fait que c’est une énergie bien plus sûre que les autres, et tous les avantages du stockage géologique dans le granite et l’argilite vous pourrez trouver plein d’infos sur [le site des voix du nucléaire](https://www.voix-du-nucleaire.org/), et le blog du vulgarisateur Tristan Kamin « [dose équivalent banane, le nucléaire ce n’est ni secret ni compliqué](https://doseequivalentbanana.home.blog/) ». Si vous êtes plus branchés vidéo il existe le documentaire « [une énergie qui dérange](https://peertube.cipherbliss.com/w/ikUQfw5DVSyUroKYKBexr7) ». Le titre est putaclic mais le contenu est excellent, avec des intervenantes et intervenants compétents.
Vulgariser est essentiel pour réfléchir sans uniquement agir en fonction de ce qui fait peur, et permet de poser des points de comparaison très utiles à la compréhension d’un sujet aussi essentiel.

Pour revenir a nos moutons, il existe un [rapport de Carbone4 sur le sujet de « faire sa part »](https://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/06/Publication-Carbone-4-Faire-sa-part-pouvoir-responsabilite-climat.pdf) qui détaille qu’en estimant que 80% des gens font des gestes utiles à la diminution de leur bilan carbone, on peut obtenir des réductions qui sont importantes, mais pas suffisante pour atteindre notre objectif de 2 tonnes d’équivalent CO2 par personne par an en 2050.
En imaginant que chaque Français fasse des actions héroïques de réduction individuelle avec et sans investissements, il resterait malgré tout 80% du boulot à accomplir sur tout ce qui concerne l’organisation globale de la société: contraintes sur les industries, rénovation des bâtiments publics et privés, modification des infrastructures pour faire du report modal, répartition des logements innocupés, télétravail, process d’agriculture, réduire grandement l’offre de viande.
Il faut réellement aller contrer les jeux de pouvoir collectivement si on veut espérer atteindre les objectifs de survie humaine sans trop de dégradations, car une chose est certaine, si on ne s’en occupe pas ça va nous tomber sur le nez d’autant plus violemment et dans des conditions bien plus violentes que si on fait en sorte d’adresser des réponses collectives et de s’instruire sérieusement sur tous ces sujets avant d’agir.
Si vous aimez la lecture dans des termes super abordables, il existe le PTEF, le plan de transformation de l’économie française.

Faire une fresque du climat est un bon moyen d’approfondir ses connaissances par exemple, mais c’est pas facile à faire.

Vous pouvez en attendant faire une estimation de votre bilan carbone individuel avec ce site qui utilise les infos de l’ADEME: https://nosgestesclimat.fr dont les sources sont ouvertes sur github https://github.com/datagir/nosgestesclimat (lol)
Notez la part fixe du secteur publique à 1 tonne de CO2 pour chaque français.

Quelques liens, c’est la fête des sources comme chez Manon:

 

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