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Les obstacles les plus fréquents au travail d’équipe

Bosser seul sur un projet de logiciel libre c’est pas de la tarte et ça demande des tas de compétences différentes. Cependant les problèmes le plus souvent rencontrés dans le travail d’équipe est loin d’être un manque de savoir faire ou de savoir vivre, il s’agit d’avantage de problèmes de communication (tiens donc, quelle surprise!) et de coordination.

Quelles sont les barrières à la contribution?

tiré de ce post de l’association Framasoft sur leur blog après avoir été au Fabulous Contribution Camp organisé par la Quadrature du net à Lyon, voici donc un petit palmarès des raisons qui empêchent les contributeurs potentiels de participer:

  • La difficulté d’identifier un interlocuteur référent pour s’intégrer au projet
    La peur de demander « Comment faire »
  • La peur de ne pas être assez doué·e / de dire des « choses bêtes »
    Ne pas savoir par où commencer
  • La peur de ne pas s’intégrer à la communauté
    Le manque de temps
    La difficulté de déléguer à d’autres un projet qu’on a toujours porté
  • Le fait de ne pas avoir réussi à créer une communauté autour d’un projet
  • Ne pas connaître la ligne de route d’un projet
  • Ne pas savoir comment exprimer les besoins de contribution pour que les intéressé·e·s les comprennent
  • Nous notions les différentes problématiques rencontrées sur des post-its avant de toutes les regrouper sur un grand mur pour avoir une vue d’ensemble des cas les plus fréquents.

J’ai la sensation qu’un grand nombre de ces problèmes peuvent être résolus en :

  • 1) Listant clairement les besoins de contributions, avec les compétences nécessaires, via une interface plus facile d’accès qu’un github (qui est réellement anxiogène pour les non-développeur·euse·s)
  • 2) Désignant une personne accueillante comme point d’entrée pour les nouveaux·lles arrivant·e·s, à laquelle il sera facile de s’adresser, et qui saura aiguiller chacun·e vers des tâches simples pour découvrir le projet.

    Tout l’article liste la démarche et des pistes de réflexions tout à fait passionantes, mais je vais ici me concentrer sur les moyens concrets de mettre en place ces deux points qui vont faciliter la vie de nombreux contributeurs.

    Lister les besoin via une interface abordable

    Un site web dédié à notre PROJEEEEEEET est sans doute plus facile d’accès qu’une forge gitlab, bien que cette forge logicielle dispose de nombreux outils très pratiques tels qu’un wiki par projet ainsi qu’un tableau kanban présentant les différents sujets et leur avancement, c’est un truc qui fait peur à toutes les personnes n’étant pas du tout ingénieur avec une connaissance des projets gérés en agilité.

    Avoir votre site perso vous permettra d’y référer auprès de tous les endroits d’où vous voudriez faire connaître votre projet. Si vous publiez des infos relatives à votre projet sur des forums ou dans des écoles ou ailleurs via des tracts / cartes de visite, elles pointeront vers une seule source de vérité que vous pourrez mettre à jour quand bon vous semble, sans avoir à indiquer un autre endroit ailleurs.

    Ainsi les curieux auront un endroit ou prendre des infos, savoir ce qui se fait de neuf, quels sont les problèmes rencontrés, ce qui est recherché comme aide, tester le truc… Ensuite, reste à indiquer des humains avec qui interagir facilement pour faire vivre le projet.

    Désigner une personne accueillante comme point d’entrée

    « mais je vous en prie, faites comme chez vous, mettez vous à l’aise »
    – Un parfait inconnu

    Il faut savoir repérer dans notre équipe qui est plus à l’aise pour accueillir les gens et dialoguer avec eux, et ce ne sera pas forcément la personne qui connaît le projet en question sur le boit des doigts. Le plus souvent, un projet n’est porté que par une seule personne et les logiciels libres meurent lentement sans contributeurs. Idéalement, c’est une personne capable de dialoguer dans la vraie vie avec les vrais gens avant tout. (parce que dialoguer les chatbot c’est aussi relou et une perte de temps qu’avec les PNJ)

    La personne chargée de l’accueil doit être en mesure de répondre à des questions fréquemment posées.

    Indiquez sur votre site dédié au projet qui est la personne en charge de l’accueil des nouveaux, comment la joindre via plusieurs moyens possibles (email, tchat par Mattermost/ IRC, téléphone, rdv en salons/festival, ou autre).

    « si tu veux me parler, envoie moi un fax » – Georges Abidbol

    Quand on est référent il faut savoir interagir avec des personnes qui auront beaucoup moins d’expertise technologique que nous, savoir faire des comparaisons avec des choses connues (le saviez vous? on peut tout comparer à une voiture, surtout des trucs qui n’ont rien à voir).

    Prendre conscience que nous sommes des illettrés technologiques, oui oui, même en 2018, et que les classes de gens les plus modestes sont tellement habituées à ce qu’on leur demande de la fermer, qu’ils ont des usages très différents du web que les classes les plus aisées. La plupart des textes que vous trouverez écrit sur le net le seront donc par des gens blancs, hétérosexuels, cisgenre et hautement diplômés. Breffe, des gens très privilégiés (comme moi quoi). Les gens qui ont le moins de bol dans la vie ont un usage plus près du relayage et de la passivité, et ce n’est pas vraiment un choix. Et si vous avez déjà administré un forum vous aurez certainement constaté que cela représente la plupart des inscrits, une toute petite partie des gens ose prendre la parole, et pas seulement sur le web.

    Il faut bien prendre cela en compte lorsque l’on veut fédérer des gens autour d’un projet et savoir adapter son discours en fonction de qui l’on a en face de soi.

    mais que ça ne nous empêche pas de contribuer à des projets informatiques (et pas seulement).

    Prenons un exemple de logiciel libre auquel je suis principal contributeur: Caisse Bliss.

    Un écran du site Caisse Bliss

    Je publie des actus relatives au projet Caisse Bliss sur ce site: www.cipherbliss.com qui a pour accueil un flux d’actus, et le site caisse.cipherbliss.com est la page d’accueil publique du projet. Elle décrit de quoi il s’agit, que ça sert à faire de la comptabilité pour des exposants en festival sans avoir à tenir de feuille de compte rien qu’avec son mobile et une connexion au net, quelques trucs que l’on peut faire avec, on a aussi la possibiltié d’essayer le logiciel avec un compte de démo où trouver les sources pour faire marcher le bouzin sur son propre site (sur un gitlab qui recense aussi l’avancement et le plan des choses à faire dans un tableau à colonnes),

    tableau d’avancement de Caisse Bliss sur Framagit

    où se trouvent les actualités (ici), qui est à l’origine du projet (Cipher bliss, mon entreprise perso), et comment joindre un humain (moi, avec mon email et des liens vers des réseaux sociaux que j’utilise comme mastodon sur mamot.fr ).

    Un point qui facilite grandement la collaboration est de rencontrer les autres contributeurs relativement souvent, bien que ça ne soit pas indispensable, ça aide beaucoup à clarifier des choses et les vues de chacun.

    Faire appel à des vrais testeurs

    J’ai rameuté des gens qui exposent en festival (des gens pour qui est pensé le truc) pour qu’ils testent et me fassent des retours en direct (un big up à Agnès Loup!) afin que j’organise la roadmap en créant des sujets à traiter dans le tableau du projet. Il me reste à démarcher des gens en live, j’ai donc abordé quelques forums où les gens sont à priori sensibles aux avantages des logiciels libres et ai demandé de l’aide en présentant mon projet (tout en furetant sur les projets des autres pour voir comment ça se passe et où est ce que je peux contribuer moi aussi).

    C’est ainsi que sur framacolibri.org, le forum de l’association framasoft, en une semaine seulement j’ai pu :

    • recevoir de l’aide de plusieurs personnes pour m’aider à choisir une licence à attribuer au projet qui lui permette de rester libre (GNU Affero) tout en étant fidèle à ce que je souhaite
    • intégralement traduire le site en anglais en confiant des textes à traduire sur une plateforme dédiée. Sus à la barrière de la langue!

    Comme quoi, il suffit de se lancer. ça tombe bien, frama.site vous permet de créer des sites perso et un wiki facilement, sans savoir coder, sans vous surveiller et gratos grâce aux dons des adhérents et bénévoles de l’association!

    Si vous avez des astuces pour bosser à plusieurs, faites passer dans les commentaires. Ou si vous connaissez des gens qui pourraient avoir besoin de ces conseils partagez-leurs-cet-article-abonnez-vous-popopopopo-amour-sur-vous!

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