Chapitre 1

 

Finalement, il avait eu tort de s'inquiéter : ce n'était franchement pas la mission la plus difficile de sa vie.

" Repérer, infiltrer, hacker, copier, décamper ". Le tout dans un vieil immeuble bourré de coins sombres où se cacher, au système de sécurité à la limite du risible et aux conduits d'aérations presque confortables. Du gâteau.

Pourtant comme toujours, Deiz avait les nerfs à fleur de peau et seule sa longue expérience de ce type de situation le retenait de sursauter au moindre bruit suspect. " Jamais je ne m'habituerai " pensait-il en ôtant son long manteau, révélant sa combinaison noire. Une part de lui se le reprochait, mais une autre, quelque part, s'en félicitait. Il ne tenait pas à devenir un de ces pions complètement endoctrinés par le centre comme il en avait tant vus, ou pire, un de ces types cyniques et brutaux qu'on finissait par appeler pour…
" …Non, cela, jamais " se promit-il pour la millième fois.
Il plia soigneusement le pardessus dans un sac imperméable et le glissa sous le rebord du toit où il était perché, avec l'espoir de pouvoir venir le récupérer une fois l'intervention terminée. Ce n'était pas toujours possible. Le mois dernier, il avait dû en laisser deux sur place, et un troisième avait brûlé avec le bâtiment. Lui-même avait bien failli faire partie des grillades, cette nuit-là. Mais c'était le genre de chose à éviter de ruminer au moment présent…


Les missions chez les particuliers étaient toujours infiniment plus simples que d'aller pirater des industriels ou des laboratoires, dont les systèmes de défenses témoignaient généralement d'une méfiance presque paranoïaque. Presque paranoïaque. Parce que Deiz et ses pairs étaient finalement les preuves indubitables qu'il y avait effectivement lieu de se méfier. Depuis la troisième guerre mondiale, l'espionnage était quasiment devenu sport olympique et l'expression de service " secrets " était devenue ridicule tant il était évident que toutes les nations s'épiaient sans relâche.

Il forçat sans grande difficulté la grille d'aération principale et se glissa souplement dans le conduit. Il progressa silencieusement dans la cheminée carrée jusqu'au grand ventilateur, dont il sectionna l'alimentation à l'aide d'une petite pince cachée dans sa ceinture. Un silence intimidant envahit les lieux. Il rangea la pince et la troqua contre un tournevis, avec lequel il démonta silencieusement l'hélice.
Sans plus de bruit, le jeune espion se laissa couler dans les ombres du couloir, baigné de la lueur glauque d'une lampe de sécurité.


" 3ème porte à droite, verrou de style MK3 triple point, pas de chien de garde, alarme désactivée à partir du centre par l'agent Descartes à partir de 0h30. "
Voilà en substance les informations complémentaires que lui avait communiqué Silently au téléphone, peu après la réception du mail protégé, dans le style sec et sans fioritures qui le caractérisait. Silently était le supérieur direct de Deiz depuis 6 ans mais ne se départissait de ce ton impersonnel et froid que pour éventuellement lui passer un savon ou l'abreuver de sarcasmes. Deiz ne l'avait jamais rencontré, et ne connaissait de lui que son prénom, David. Mais il n'utilisait jamais ce prénom bien entendu. Il ne l'appelait pas non plus Silently d'ailleurs. " Sale enfoiré " était, selon Deiz, un nom qui convenait bien mieux au personnage impitoyable et mesquin qu'était son chef.


" Voyons voir si " l'agent Descartes " a bien fait son travail " marmonna intérieurement le jeune homme.
Descartes. N'eût-il pas été autant sous tension, il en aurait pouffé de rire. " Encore un pseudo éloquent, tiens. " Il se demanda vaguement les motivations d'un tel choix de la part d'un agent secret. Quant à lui, Deiz était son véritable prénom et il avait toujours trouvé ridicule, voire dangereux, cette tradition de s'inventer une identité parallèle reconnue par le personnel du Centre. C'était d'après lui un risque supplémentaire de se détacher de ses responsabilités de citoyen pour mieux se couler dans le moule des Ombres, une subtile manœuvre de manipulation mentale pour les couper de leur véritable personnalité, celle qui vivait au grand jour… et Deiz refusait catégoriquement cette dualité. Il était Deiz 24h sur 24 et ne jugeait pas supérieur ni spécial son statut d'espion.
De plus il ne voyait pas l'intérêt d'inventer un nom pour des gens que, pour la plupart, il ne verrait jamais, et qui n'auraient jamais l'occasion de l'appeler ainsi.

" …De toute façon, je n'aurais pas su quoi choisir " songea Deiz en débloquant les derniers mécanismes du verrou décrit par David. Du gâteau, là encore. Il aurait pu faire ça les yeux fermés et une main attachée dans le dos. Entrer dans les choses était la spécialité de Deiz. Qu'il s'agisse de réseaux, de programmes ou de lieux, il n'avait encore jamais trouvé quoique ce soit qui résiste à sa minutie et son acharnement. Deiz était parmi les meilleurs, sinon le meilleur, dans ce domaine. C'était là sa force, et son principal argument pour garder sa place en tant qu'espion de classe 3. Car la malédiction voulait qu'il n'excelle pas qu'en cela… et il savait très bien que de nombreux pontes du Centre l'auraient volontiers vu changer de catégorie et exploiter " d'autres capacités ".
Mais ça, il n'en était pas question. " Non, pas question ", se répéta mentalement Deiz, en ouvrant finalement la porte de l'appartement.



Pas de sonneries stridentes, pas de lumière aveuglante, seuls le silence et l'obscurité l'accueillirent dans la pièce.
Evidemment, ça ne voulait rien dire. A l'heure qu'il était, des voitures de police pouvaient très bien foncer dans la direction de l'immeuble pour le cueillir sur le fait, si les alarmes n'avaient effectivement pas été neutralisées à leur source. Mais rien de tel n'était jamais arrivé dans ses missions précédentes et il avait suffisamment confiance en l'organisation des Ombres pour ce genre de détail. Aussi fut-ce sans inquiétude particulière, toute proportion gardée étant donné son niveau de stress déjà culminant, qu'il traversa l'appartement en direction de la pièce désignée comme le bureau sur les plans qu'il avait appris par cœur.


De grandes fenêtres, aux rideaux ouverts, laissaient entrer la lumière de la ville, éclairant les lieux d'une lumière orangeâtre. L'appartement, bien qu'ancien, était agréablement aménagé, dans un style mêlant tradition british et modernisme de bon goût. Visiblement, le propriétaire n'était pas sur la paille, et avait un goût prononcé pour les beaux livres reliés. Ils se comptaient par centaines, et couvraient de grandes étagères en bois vieilli qui occupaient la plus grande partie de la surface murale. Un magnifique astrolabe du XVIème siècle, en métal cuivré délicatement ouvragé, trônait sur un chevalet marqueté non moins exceptionnel. Des bibelots coûteux formaient un chaos étudié sur les nombreuses petites tables basses éparpillées sur la moquette épaisse, de couleur claire, qui absorbait les bruits et donnait la sensation curieuse de marcher sur la mousse d'un sous-bois. L'ambiance créée par l'ensemble de la décoration était à la fois luxueuse et accueillante, et Deiz ressentit malgré lui une pointe d'envie pour le propriétaire des lieux.


Tout comme ç'avait été le cas pour l'appartement, pénétrer dans les fichiers protégés de l'ordinateur trônant au milieu du bureau massif ne fût qu'une formalité pour Deiz. Il parcourut rapidement la liste des dossiers à la recherche de ceux qu'il avait mission de copier pour le Centre. Là survint le premier petit problème qu'il rencontra dans l'accomplissement de sa tâche : les dossiers étaient nommés selon un code dont il n'avait pas la clé. Il n'était pas censé fourrer son nez dans ce qu'il était charger de récupérer, aussi eut-il un moment de réticence avant de se résoudre à jeter un œil à leur contenu, dans l'espoir que cela le guide dans sa recherche.

Ce n'est pas comme s'il lui avait été explicitement interdit de prendre connaissance de ces informations. Mais c'était justement ça, le problème avec le Centre : rien n'était vraiment interdit, et rien n'était vraiment explicite. " Vous n'auriez pas fait de bourde si vous aviez respecté l'esprit du Centre ", voilà ce qu'on vous répondait quand tout à coup vous vous voyiez reprocher quelque chose que jamais vous n'auriez pensé être une erreur de votre part.
L'esprit du Centre.

Enfin ça, c'était pour les chanceux qui avaient effectivement l'opportunité de vivre assez longtemps pour se faire réprimander. Dans d'autres cas…
" Bon, ce sera certainement mal vu si c'est découvert, mais après tout c'est pour le bien de la mission " se persuada finalement Deiz ; de plus le jeune homme savait parfaitement comment effacer ses traces dans un ordinateur, et s'il décidait que personne ne s'en apercevrait, et bien personne ne s'en apercevrait.

Malheureusement cette initiative risquée ne l'avança en rien. Après quelques recherches pour trouver un programme susceptible de reconnaître le format des fichiers en question, tout ce qu'il put obtenir fut une liste de mots cryptés qui ne l'aidèrent pas le moins du monde à faire sa sélection. Impossible de savoir de cette manière lesquels contenaient les références qui intéressaient le Centre.
Deiz décida finalement de tout copier, et de laisser les informaticiens du Centre se débrouiller avec ça. " Laissons à chacun sa petite part de rigolade dans l'opération ", railla-t-il intérieurement.
Il laissa l'ordinateur allumé bien en évidence, comme on le lui avait demandé. Il aurait pu tout aussi bien taguer " Big Brother is watching you " sur les boiseries : le message transmis était clairement la garantie lourde de menace que le propriétaire de cet ordinateur, quelqu'il soit, était surveillé de près.



Deiz rangea ses appareils et câbles informatiques dans les poches secrètes de sa combinaison. " T'es pire qu'une nana, " lui avait un jour lancé un autre agent avec qui il avait dû, exceptionnellement, faire équipe pour une mission. " Ta combi est assez moulante pour qu'on puisse compter tes poils de cul à travers, et pourtant t'arrives toujours à en sortir chais pas quel bardas, de Dieu sait où " avait-il poétiquement poursuivi.
Deiz préférait effectivement ce costume très ajusté aux uniformes d'allure militaire proposés habituellement le Centre, parce qu'il lui donnait l'impression d'être plus discret, plus souple, plus agile … et plus vulnérable. Or il avait remarqué que se sentir souple et agile le rendait plus confiant, tandis que se sentir plus vulnérable le rendait plus prudent, aussi avait-il définitivement adopté cette panoplie. " En plus tu es sexy en diable comme ça ", avait ironisé la couturière qui lui avait spécialement confectionné sa tenue ; " les méchants réfléchiront peut-être à deux fois avant de vider leur chargeur sur un si beau gosse. "
Compte tenu de ce qu'il savait sur ses éventuels adversaires, Deiz gardait quelques réserves sur ce dernier effet ; aussi s'était-il contenté de hausser les épaules d'un air gêné.


C'est donc confiant, prudent et " sexy en diable " qu'il traversa l'appartement en sens inverse, soulagé d'en avoir si vite fini, et impatient de retrouver le confort, si discutable soit-il, de sa vie d'étudiant sans histoire. Il lança un dernier regard vers les livres de prix alignés sur les étagères, et remarqua distraitement qu'il s'agissait en majorité d'ouvrages traitant de mathématiques. Il était donc probablement dans l'appartement d'un chercheur en mathématiques, et se demanda vaguement quelle menace pour la société pouvait représenter ses recherches. En réponse, la voix désagréable de David résonna dans sa tête.
" C'est pas tes oignons, mon petit père ! Et j'aimerais assez que tu mettes une bonne fois pour toutes dans ton petit crâne de connard que t'es rien d'autre qu'un pauvre espion de bas étage, et dans espion il y a pion, tu saisis ? Des types comme toi on en a à la pelle, alors n'essaie pas de te la jouer détective et contente-toi de faire ce qu'on te dit proprement, ça vaut mieux pour toi " avait un jour vociféré son chef, alors que Deiz avait posé, semble-t-il, la question de trop sur une autre affaire.

Il savait que ce n'était pas vrai. Des types comme lui, il n'y en avait pas " à la pelle ", et il était parfaitement conscient que le Centre serait très, très ennuyé de devoir du jour au lendemain se passer ses talents.
Cependant il savait aussi qu'il n'hésiterait pas à le faire s'il le jugeait nécessaire. D'une façon ou d'une autre.
Il abandonna donc vite ces réflexions et dépassa la bibliothèque sans lui accorder davantage d'attention.



Deiz était sur le point de sortir du salon lorsque tout à coup, une onde glacée lui parcourut la moelle épinière.

Quelque chose avait bougé.

Dans l'extrême limite de son champ de vision, il avait cru voir…

Se retournant vivement, il scruta la pièce dans la direction d'où semblait provenir le mouvement. Parfaitement immobile et concentré, tous les sens en alerte, il tenta de percer la semi-obscurité dans laquelle était plongées une grande lampe en tissu et une gerbe de graminées sèches, disposées devant un canapé de cuir beige.
Rien ne bougea, pas un bruit ne se fit entendre. Deiz maudit intérieurement le décor chargé et la moquette moelleuse qui l'avaient charmé quelques instants auparavant. Au bout de quelques secondes d'attente prudente, il s'approcha lentement, avec méfiance, de la zone où il avait cru percevoir une présence. Il s'avança vers le canapé, se pencha pour regarder derrière… rien.
Personne.

Cela ne rassura pas le garçon. Il avait cru voir quelque chose, et il était suffisamment entraîné depuis sa plus tendre enfance à faire la différence entre un hypothétique monstre sous le lit et un véritable assassin en chair et en os caché dans la pièce pour savoir que s'il avait cru voir quelque chose, c'est qu'il y avait quelque chose.

Et que la chose se fût évaporée avec autant de talent qu'elle en avait mis pour dissimuler sa présence était encore plus inquiétant.

L'esprit surchauffé par la tension de la situation, Deiz réfléchit à toute vitesse.
Seul un espion de haut-vol, rompu à des techniques avancées d'infiltration, était capable d'échapper ainsi à la vigilance de quelqu'un comme lui. Et dans cette région du monde, un tel espion ne pouvait pas venir de 36 organisations. Plus il y réfléchissait, plus cette conclusion inexplicable s'imposait… Oui, il en était presque sûr…


Un autre agent des Ombres, certainement un espion de classe 4, était dans l'appartement cette nuit.


***


Il se rendormit après la sonnerie du réveil le lendemain matin, et émergea de nouveau un moment plus tard pour constater avec irritation qu'il n'avait plus que 5 minutes pour s'habiller, déjeuner, et prendre le bus jusqu'à la fac au cœur de Paris pour arriver à l'heure à son cours. Fatigué et courbaturé, il avait mal dormi, d'un sommeil agité et entrecoupé de rêves désagréables, et s'était réveillé en sursaut à deux reprises, le système saturé d'adrénaline et le cœur battant la chamade, sans savoir exactement ce qui justifiait un tel accès de panique.

Dans un accès de fatalisme, il décréta intérieurement que puisqu'il était d'emblée en retard, il était inutile de se précipiter outre mesure : le mal était déjà fait, alors autant prendre son temps maintenant.

Il s'était déjà douché en rentrant de mission cette nuit ; la douche brûlante du retour était devenue un rituel pour lui, lui permettant de détendre corps et esprit, et, symboliquement, de se laver de ses actions de la nuit.
Il se contenta donc d'enfiler une chemisette propre et un jean d'un bleu indéfini, et passa avec un grognement agacé sa main dans la masse d'épis en tous sens qui lui servait de chevelure. Le rituel de la douche nocturne avait en effet ceci de déplaisant qu'il l'obligeait à se coucher les cheveux humides, et l'oreiller ne manquait jamais de créer dans sa crinière en bataille les reliefs les plus insolites, qu'il était évidemment impossible à aplatir le lendemain à moins de se retremper la tête.

Deiz n'était pas d'humeur à se lancer dans une nouvelle bataille capillaire ce matin et décida donc de conserver cet " effet décoiffé " que, comble d'ironie, certains de ses camarades les plus coquets mettaient parfois des heures à obtenir à grand renfort de gels divers. De plus, observa-t-il cyniquement, cela s'accordait à merveille avec les cernes violacés qui assombrissaient son regard ; il choisit donc finalement de parfaire ce look saut-du-lit en s'épargnant la corvée d'un rasage.

Mâchonnant distraitement une cuillerée de müesli noyé de lait, Deiz réfléchit à ce qui n'avait pas quitté son esprit un instant : l'incident de la veille.
Il savait ce qu'il avait perçu et il était sûr de sa déduction. Il n'était pas seul dans cet appartement, quelqu'un d'autre était sur le coup, et ce quelqu'un était à 99% de chances un agent haut de gamme des Ombres.

Certes il arrivait parfois qu'ils soient plusieurs sur une même mission, mais même s'ils n'étaient pas forcément en collaboration directe, ils étaient toujours prévenus de la présence de collègues, ne serait-ce que pour éviter de se tirer dessus par erreur. De plus dans ces cas-là, le Centre leur fournissait un " détecteur d'Ombres ", autrement dit un petit récepteur sensible aux ondes transmises par le microdispositif implanté sous la peau de chaque agent de l'organisation, qui permettait de les repérer dans un rayon d'une trentaine de mètres.

Cette fois-ci, rien de tout cela. Pourtant l'instinct de Deiz lui criait que la mystérieuse présence de la nuit dernière était de la même trempe que lui ; et Deiz avait appris depuis longtemps à faire confiance à ce sixième sens, qui lui avait plus d'une fois sauvé la mise.
Avec un coup au cœur, il pensa soudain à une explication possible de la présence d'une autre Ombre que lui, à son insu, et le surveillant. " Non, non ça ne peut pas être ça… Comment pourrait-ce me concerner, moi ? Je n'ai rien… je n'ai rien fait qui puisse m'attirer cette... menace… "
Réprimant un tressaillement d'angoisse, Deiz chassa rapidement de son esprit cette idée aussi terrifiante que peu plausible, et toucha machinalement la minuscule cicatrice, imperceptible pour qui ne la cherchait pas, au niveau de son cou, derrière laquelle se cachait sa propre puce de reconnaissance.

La savoir là le mettait profondément mal à l'aise. Il détestait l'idée d'être surveillé en permanence, sans compter que la seule évocation d'un objet métallique enfoncé sous sa peau suffisait à le mettre au bord du malaise. " Chochotte ", avait un jour plaisanté Donna, la seule en qui il avait assez confiance pour s'ouvrir à ce genre de confidence.
Mais au-delà du ton moqueur, il avait deviné de la compréhension et de la compassion dans son regard, et cela avait suffi à le réconforter un moment.

Il se rendit soudain compte qu'il mourrait d'envie de les voir, elle et Jacques.
Cela faisait des semaines qu'il n'avait pas entendu une voix amie ; de plus, il pourrait peut-être leur parler de l'incident et leur demander leur opinion sur le sujet.
Mais par-dessus tout, ses tuteurs lui manquaient, et même si les relations aussi étroites et affectives que celles qu'il entretenaient avec eux étaient condamnées par le Centre, il était prêt à braver les sarcasmes et les remontrances de ses supérieurs pour leur rendre visite aussi souvent qu'il le pouvait. Ce qui, cela dit, n'excédait cependant pas le rythme de 4 ou 5 fois par an.


Il prit donc la décision de se rendre à la villa dès ce week-end, et cette perspective lui remonta assez le moral pour lui donner le courage de préparer ses affaires et d'enfin partir, avec 1h de retard, pour l'université.

 

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